Vendredi 1 juin

Vers une nouvelle normalité.

A 8h20, je rentre dans la classe et ouvre la porte qui donne sur la cour, laissant les enfants entrer, se réapproprier la classe, répondre à leurs besoins du moment, comme tous les matins depuis septembre. Un fourmillement joyeux, une chaleur.

A 8h30 : j’enclenche la musique de Vivaldi, signal du temps de regroupement, le collectif qui se rassemble. Parfois, j’oublie de lancer cet appel, les enfants s’installent quand même sur les coussins et Gabriel vient généralement me chercher, impatient : « Maitresse, tu viens ? ». Un appétit pour commencer la journée, visible.

Le bonjour collectif, un « Comment je me sens ? », un jeu pour vivre un moment d’empathie. Les rituels s’enchaînent pour répondre aux besoins de chacun, s’accueillir pour mieux travailler ensemble ensuite, le bien-être collectif et individuel, nécessaire pour apprendre.

A 9h : un temps d’apprentissage ensemble (écriture d’une lettre, recherche, découverte d’une notion …) puis chacun choisit ce qu’il va faire, pour certains une fiche, d’autres un jeu ou un travail en groupe. Il y a aussi celui qui va prendre son « temps libre » parce qu’il n’a pas la tête à travailler de suite, celui qui va aller au coin « zen » plonger ses mains dans le sable pour trouver un apaisement.

La routine, une nouvelle normalité qui s’est installée.

Assise à mon bureau, je les regarde faire. Pensive… Le projet de départ était de placer l’empathie au cœur des apprentissages tout en déroulant le programme scolaire attendu au CM2. Comme un chercheur devant ses éprouvettes, dans une observation à la fois joyeuse et émerveillée, envie de m’exclamer : « Ça marche ! ». Émue aussi, l’amour qui s’insinue partout, juste lui laisser la place d’entrer …

Essai transformé.

La preuve, à présent sous mes yeux, qu’une nouvelle façon d’enseigner dans l’école publique est possible.

Enthousiaste.